El Parque Nacional El Cocuy

El Cocuy est un vieux village, bien entretenu, qui accueille avec ses faibles infrastructures pourries les visiteurs de cet endroit fabuleux.

L’église sur la place centrale :
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Les maisons toutes peintes de blanc et de vert. Il s’agit d’une obligation pour tous les propriétaires. Pendant longtemps, les habitants revendiquèrent leur appartenance politique en peignant leur maison au couleur de leur partie (rouge ou bleu). Les vols, saccages ou autres incivilités étaient monnaie courante jusqu’à ce qu’un maire interdise de montrer ouvertement son penchant politique. Toutes les maisons devaient dorénavant être peintes en vert, sauf l’Eglise en orange. Cela apaisa les tensions et le village retrouva son calme
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Le lieu parfait pour poser mon hamac pour la sieste de l’après-midi.
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Ici la journée commence tôt, dans un lechero. Il s’agit du camion qui fait la tournée des fermes pour récupérer le lait. Ainsi, inconfortablement installée sur mon sac, j’observe un fragment de la vie quotidienne locale. Il s’agit du seul transport peu onéreux pour se rendre sur les hauteurs, et tout le monde l’emprunte. A chaque maison, le camion s’arrête, en descendent 2 personnes qui récupèrent le pot de lait fraichement trait, et remplissent le bidon dans le camion. Les hommes ici ont la classe, ils portent un lourd poncho en laine chaude, des bottes en plastique sur un jean classique, un chapeau toujours en bon état et ils arborent fièrement une petite moustache bien taillée. Avare en sourire, leur visage buriné et leurs mains calleuses montrent la vie champêtre difficile et rigoureuse à cette altitude.

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A cette époque, le temps est magnifique, et le soleil règne en maitre sur cette superbe vallée. Je m’éloigne à pied sur la piste jusqu’àu point de contrôle du Parc.

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Il m’a fallu préalablement payer l’entrée du parc, m’enregistrer et montrer une assurance ou en prendre une. Je trouve l’organisation sérieuse et l’entretien du parc ainsi que la sauvegarde de la Nature semblent à la hauteur. Pour l’organisation, je me rends compte à la fin que nous ne signons aucun registre de sortie, la sécurité n’est qu’illusoire finalement.

Au loin, au fond de la Vallée, l’objectif de ces 3 jours, El Pan De Azucar, surmonté de sa capuche blanchâtre.
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Un refuge tout confort est installé au milieu de cette splendide vallée, près d’une lagune dans laquelle se reflète le sommet enneigé du Pan de Azucar.

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J’y pose mon sac et continue pour un tour des lagunes et la balade jusqu’au col qui donne sur la vallée interdite.

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Depuis 2 ans, les indigènes Uwa ont interdit l’accès à cette vallée, sacrée pour eux. A priori, le tourisme, qui s’est développé vite et fortement endommagerait l’écosystème du lieu. La problématique semble similaire au Mont Panié. L’accès à cette vallée permettait d’effectuer un trek de 6 jours, l’un des plus beaux d’Amérique du Sud. Je me contenterai de la partie autorisée, en espérant  revenir si la situation se débloque.

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Le chemin du tour des lagunes est peu emprunté, il se perd au milieu des fraijoles, ces plantes impressionnantes à la croissance très lente, qui poussent sur un sol humide. Ils poussent de 50 cm par an, ainsi celles qui font 2 à 3 mètres de haut sont plus que centenaires.

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Le sol est spongieux et j’en fais les frais lorsque je veux photographier une belle fleur sur une motte de terre qui me parait accueillante. Echec, mon pied s’enfonce jusqu’au genou. J’ai les chaussures trempées, parfait pour faire un sommet enneigé à plus de 5000m dans quelques heures. J’atteins 1 er col, défendu par une muraille, je ne m’aventurerai pas au-delà !

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Je décide de couper à travers les strates de cailloux pour rejoindre le chemin de l’autre col, il s’avère que c’est bien plus long que prévu, et épuisant. Au col, les ombres s’allongent déjà dans la vallée interdite. J’observe le sommet du Pan de Azucar, au sommet duquel je devrais être le lendemain.

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Le soir, le froid s’installe rapidement, et je tente désespérément de faire bouillir mon eau sur mon réchaud qui ne chauffe pas. Nous sommes regroupés autour de nos gamelles peu appétissantes avec 2 français rencontrés sur place. Je finis par squatter la cheminée pour y faire chauffer mes chaussures et chaussettes pour repartir d’un bon pied. Il faut dire qu’à 2h45, il est un peu dur de m’extirper de mon duvet et de ranger la tente. Nous avions rendez-vous à 3h du mat’ avec le guide, qui pour être sûre de me trouver, a demandé à toutes les tentes si Cécile était là. Bien sûr, j’étais dans la dernière tente qu’il ait faite.

La nuit est superbe, la lune s’est couchée ce qui laisse libre loisir à l’observation des étoiles. Près de l’équateur, la grande Ourse et la Croix du Sud peuvent s’observer simultanément. Grâce à une application sur smartphone, je peux nommer ce que j’observe, en particuliers ces points lumineux qui m’étonnent, plus intenses que les autres. Il s’agit de Jupiter, Mars, Saturne et Venus, alignées sous mes yeux ébahis. Je n’ai jamais observée autant de planètes en même temps, ni alignés de cette façon. Et apparemment, on peut aussi voir Mercure, un peu plus tôt dans la nuit. Ce phénomène est visible du 20 janvier au 20 février je crois. Superbe !

J’en oublie la difficulté du chemin qui se passe sans soucis. Nous laissons les sacs au col pour monter jusqu’au Pulpito Del Diablo sur une roche érodée qui supportait le glacier il y a encore peu. Le guide me montre la limite du glacier à ses débuts en tant que guide, 15 ans plus tôt, le recul fait peur à voir, à des centaines de mètres du lieu actuel. Le jour se lève doucement sur un paysage féérique. Nous chaussons crampons, baudrier et casque pour la courte ascension du Pan de Azucar.

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Le souffle se fait un peu plus court alors que nous atteignons les 5000m et le vent qui souffle par bourrasque nous oblige à redoubler de vigilance. Surtout lorsque le guide m’informe qu’il a les jambes un peu faibles, surement dû à un manque d’hydratation.

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Nous abordons une petite arête bien raide, il faut rester concentré et proche du sol pour éviter les pertes d’équilibre que provoque le vent. Dernier passage difficile, nous sommes sur une corniche glacée, avec le vide de l’autre côté, ce n’est guère rassurant, mais le passage est très court.

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Au sommet, on s’attache au piolet fortement ancré dans la glace, mais tous les mouvements se font avec concentration. Il est quasiment impossible de tenir debout dans les rafales. La vue est époustouflante. Je resterai là des heures sans ce foutu vent qui décoiffe !

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La descente se fait tranquillement, en assurant ses pas, surtout lorsque sous les marches taillées dans la glace, on aperçoit de profondes crevasses. Je retiens mon geste, et assène le coup de piolet un peu à côté, on ne sait jamais. Les crevasses que nous contournons sont larges et profondes. Il s’agit de rester vigilant.

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De retour au sac, j’entame la 2ème partie de la journée, sans le guide, la traversée vers l’autre vallée, vers la Laguna Grande. Je suis avec 2 étudiantes colombiennes, qui finissent leur volontariat dans le Parc. Le guide nous indique le chemin. Mais celui-ci disparait bien vite, et notre seul repère reste les kerns que nous cherchons à distinguer au milieu de tous ces cailloux.

Le chemin est difficile à suivre :
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De gros cailloux en gros cailloux, puis de morènes en morènes et de lagunes en lagunes, nous progressons, espérant toujours atteindre enfin cette fameuse lagune.

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Persuadée d’être arrivée, je pose mon sac sur la plage de l’une d’elle, mais non, il nous faut encore repartir.

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La marche des filles est lente avec leur gros sac et j’aimerai presser le pas. J’arrive finalement, 13h après être partie. Quelle journée. Et les paysages sont toujours aussi somptueux. La verte vallée de Sisumi a laissé la place à un paysage minéral de cailloux et de lagunes bleues, surmontées de rochers acérés et de superbes glaciers. Nous installons là le campement sur une zone de sable bienvenue.

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Malgré les bourrasques qui faisaient battre continuellement la toile de tente, j’ai fait le tour du cadran, rendant jaloux les voisins qui dormirent bien mal à cause de l’altitude.

Au pied du sommet où j’étais le matin même.
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Au réveil, le spectacle est toujours aussi grandiose.

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Je prends mon temps avant de redescendre dans la vallée où je retrouve les fraijoles. J’arrive à Esperanza au moment où les moutons se font égorger pour le repas du soir, charmant.

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