Bogota

La place centrale avec ses pigeons et ses pickpockets.

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Et si je me prenais en photo avec plein de pigeons, c’est génial !
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6,7 Millions d’habitants, 8,7 en incluant l’agglomération. Comme beaucoup de capitale, il est difficile d’appréhender cette grande ville. A 1ère vue, je l’apprécie peu, je la trouve sombre et sans charme. Les transports y sont difficiles, il n’y a pas de métro, seulement un réseau de bus incompréhensible dans lequel je me perds, croisant les doigts pour que le bus dans lequel je suis ne m’amène pas dans les quartiers craignos. A mon arrivée de nuit, je grimpe dans un taxi, pas question ici de vagabonder dans les rues. Le taxi-driver m’explique qu’il y a certains quartiers « interdits » où il ne fait pas bon trainer, où gangs et drogues font la loi. J’essaie de visualiser mentalement et de placer sur une carte ces explications afin de ne jamais me trouver près de ces charmants endroits.

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J’ai rendez-vous avec des slackeurs de Bogota, pour une session d’échange très sympa. Etonnamment en Amérique du Sud, ils sont plutôt axés longline, highline et trickline, et peu jumpline. L’un tient une « école » de slackline et donne des cours aux enfants. Ils organisent un festival de highline fin février, juste après mon départ, dommage.

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Comme toute capitale qui se respecte, Bogota abrite quelques musées incontournables. Le musée de l’or est impressionnant et j’y vois de nombreuses pièces travaillées dans le métal précieux.

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Après les pièces d’orfèvrerie, place aux tableaux de Botero. Les rondeurs de ses personnages font sourire et j’admire l’humour qui se dégage de son coup de pinceau. Peintre et sculpteur colombien originaire de Medellin, Fernando Botero est une icône de l’art Sud-Americain.

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Les voyageurs rencontrés me recommandent fortement le Graffiti Tour. Il s’agit d’un tour du vieux centre-ville axé sur les nombreux graffs qui décorent les murs. Notre guide est anthropologue et explique à travers les dessins l’histoire mouvementé du pays. Je finis au resto avec lui à parler de l’avenir de son pays.

La Colombie est engagé depuis 1960 dans le plus long conflit armé du Continent, entre l’Armée Nationale, les paramilitaires d’extrême-droite, et les groupes rebelles de gauche, en particuliers les FARC (Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes). Le conflit, alimenté par le Norcotraffique a fait des milliers de morts et créé un pays corrompus aux inégalités très fortes, et à l’insécurité permanente.

Ces dernières années, le conflit semblait en phase terminale avec l’intensification des actions de l’Armée. Les Farcs ont alors accepté de reprendre les négociations de paix, et un traité est en cours d’acceptation. Les accords comportent six volets dont certains restent plus épineux que d’autres à traiter
– la politique de développement rural
– la participation politique des membres des Farcs
– le trafic de drogue et les cultures illicites
– le désarmement de la guérilla
– les modalités de ratification des Accords de Paix
– la justice et les réparations aux victimes

Le dernier point pose de nombreux problèmes. L’impunité n’étant pas une option mais la condamnation de tous les guerilleros n’en étant pas une non plus pour les Farcs.

Pour finir, il a été décidé que le traité de paix serait signé 6 mois après ces discussions qui ont eu lieu à Cuba en septembre 2015. En Juin 2016 (après mon retour), un référendum a eu lieu afin de demander à la population s’ils se prononçaient en faveur de ce Traité de Paix ou Contre. Cela revenait un peu à voter Pour ou Contre la Guerre. Des discussions que j’ai pu avoir en Colombie, il en ressortait une haine des rebelles et de ce qu’ils avaient pu faire sur la population et refusaient le volet sur la justice transitionnelle (qui sans donner l’impunité laissait présager une justice très adoucie). Finalement, le Traité de Paix a été accepté à 60% et  un accord historique a été signé.

Depuis, l’autre groupe rebelle majoritaire l’ELN a débuté eux-aussi les négociations de paix.

Le graffiti s’est fortement développé à Bogota car il est maintenant peu réprimandé par les autorités. Des artistes du monde entier viennent y laisser leur marque. La plupart des artistes peignent maintenant en journée, ce qui leur laisse plus de temps pour parfaire leur graff.  Il y a quelques années, les artistes étaient passible de peine de prison pour écrire sur les murs. Un jour, un jeune homme de 18 ans prit la fuite pour échapper à une patrouille qui l’avait repéré alors qu’il dessinait. Il fut alors abattu dans le dos. Suite à ça la police inventa une histoire comme quoi le jeune homme était un voleur armé. Mais ils revinrent ensuite sur leur déclaration. Une vive polémique s’ensuivit. Surtout que peu après cet incident, Justin Bieber, de passage à Bogota pour un concert voulu lui aussi réaliser un graff sur les murs de la ville, il fut alors escorté par la police pour réaliser son graff. Suite à ça et à l’ampleur que prenait la polémique, la loi fut adoucie, et le street-art fut alors reconnu comme une expression culturelle et artistique par le maire de la ville.

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Beaucoup de graff portent sur la lutte armée qui fit 220.000 morts, six millions de déplacés et des dizaines de milliers de disparus.
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Ce petit ananas-grenade est devenu célèbre, recueillant le plus grande de « like » de l’histoire sur un site international où les graffeurs postent leurs oeuvres.

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D’autres sont des chefs d’œuvres éphémères.

Les indigènes sont aussi souvent source d’inspiration.
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Ici il s’agit d’un hommage aux sans-abri. Le sac sur la tête raconte à quel point ils sont devenus invisibles. Les sans-abris ont été éradiqués du centre, et sont victimes d’un « nettoyage social ». Des escadrons de la mort (groupements d’extrême droite, branche armée secrète du gouvernement…) les traquent et les massacrent, les obligeant à se terrer dans les égouts ou les recoins les plus malsains et insalubres de la capitale.  Parfois leur mort est mise en scène, ils sont déplacés et habillés des uniformes de guérilleros. Les photos sont alors utilisées pour monter les résultats positifs de la lutte du Gouvernement contre les rebelles, et justifier ainsi l’utilisation de l’aide colossale reçue par le pays pour sa lutte armée.
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Tag tout frais réalisé par une artiste au 1er de l’an. Les femmes sont encore très minoritaire dans cet art de rue.

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En cours de réalisation. Pour la petite histoire, le tag précédent a été recouvert la veille par un collectif d’étudiants. Mais le surlendemain, un autre groupe décida de le recouvrir. Cet art est certes éphémère, mais les étudiants de la veille étaient tout de même un peu déçus.

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L’homme au pied de ce graff est chargé de trier les déchets, c’est considéré comme le bas de l’échelle sociale en Colombie. Sur le dessin, on voit un autre de ces métiers inhumains qui se sont développés dans la misère de Bogota, celui de porteur humain. Celui du graff rêve de liberté et d’évasion et traine les symboles du capitalisme comme des boulets.

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Celui-là dénonce aussi le capitalisme qui enrichit le conflit armé, avec le combat pour les ressources naturelles. Artiste : Lesivo

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