Depuis quelques jours, je n’ai qu’un but, arriver à temps à Pasto pour le Carnaval de Blanco y Negro, l’un des plus grands du pays. Ainsi, depuis Ollantaytambo, à la porte du Machu Pichu, j’ai enchainé les bus, aussi vite que possible. J’y arrive après 5 jours de bus dont 1 nuit à Lima et 1 nuit à Quito. 73h de bus en cumulé.
23h, 5 janvier 2016, Pasto, Calombia.
Jane, la coréenne qui m’accompagne depuis la frontière et moi avons rencontré à Ipiales un couple charmant dans la soixantaine, ils nous amènent à leur hôtel, complet malheureusement. Il faut dire que nous débarquons pour le dernier jour du Carnaval, sans réservation. Tout est complet. Après plusieurs échecs, et une bataille de farine au compteur, nous appelons un hôtel que m’avait recommandé un couchsurfer. L’hôtel vient juste d’ouvrir pour l’occasion, il leur reste un lit, et ils veulent bien que je squatte le hamac. Parfait ! Cette auberge est un havre de paix dans une ville en pleine tourmente carnavalesque.
La ville est recouverte de farine blanche :
Le 4 janvier, c’est l’ouverture du Carnaval par le défilé des familles aisées de la ville (famille Castañeda), qui se déguisent en personnage de la vie d’antan. Cette tradition est en souvenir au 1er Carnaval où étaient arrivés les ancêtres de cette famille de colons, surchargés, qui s’était ainsi mêlée à la procession du Carnaval. C’est un message de bienvenue et d’allégresse pour les participants au Carnaval.
Ensuite, les 2 jours les plus importants sont le 5 janvier, le jour des Noirs, et le 6 janvier, le jour des Blancs. Le jour des noirs, tout le monde se barbouille le visage de noir. Cette tradition remonte au temps colonial. En 1605, une grande rébellion éclata, et pour calmer les choses, un jour de congés fut accorder aux esclaves, qui fêtèrent alors cette date avec ce « jeu des Noirs ».
L’origine du jour des blancs remonte au 6 janvier 1912, jour de l’Epiphanie. Selon la petite histoire, le tailleur de la ville, entré dans le salon de coiffure des dames, aspergea par surprise la clientèle d’un peu de poudre de fond de teint blanche importée de France au prix fort, en criant au grand dam de propriétaires « Vive les Blancs ». La bataille rangée de parfums et produits cosmétiques qui s’ensuivit fut, au dire des anciens, prolongée sur les fidèles sortant de l’église San Juan Bautista. La clameur de cette rigolade donna dès lors naissance aux fameux vivats du carnaval, « Que Vivan los Negros… Que Vivan los Blancos», aujourd’hui déclamés chaque année par des milliers de participants.
Le jour des blancs, c’est le jour du Grand Défilé. Dans les rues, c’est bataille désorganisée de mousse et de farine (ou talc). Du plus jeune au plus vieux, tout le monde se balade armé de sa grande bombe, et s’arrose gentiment quand on se croise.
Tout cela dans de grands éclats de rire. Bizarrement, la mousse a bon gout et ne pique pas trop les yeux, mais lunettes ou masques sont recommandés !
Il est difficile de trouver un endroit où voir le Défilé, les gens s’entassent aux croisements, et les plus organisés se hissent sur de petits tabourets.
Dans l’attente du défilé, les batailles se poursuivent, et nous sympathisons vite, à coup de bombes, avec nos « voisins » de défilé.
Les musiciens et danseurs arrivent enfin, couleurs, musique festive, tout y est.
Puis, ce sont les grands masques/costumes et mini-chars qui enchantent par leur détail et la perfection de la réalisation. Pas d’amateurisme ici, nous découvrons de vraies œuvres d’art.
Enfin, ce sont les grands chars qui arrivent, au rythme de la salsa et de la rumba, ça picole et ça balance des bonbons.
Dans la bataille de mousse de fin de défilé, je suis victime d’un pickpocket qui ne prends heureusement que quelques pésos, j’avais pris soin de ne pas prendre ni carte bleue ni somme importante. Mais l’autre poche contenait mon téléphone. J’aurai été très triste de me le faire voler.
Repos à l’auberge avant d’affronter la soirée.
A l’auberge, on croise 3 colombiens et un brésilo-ricain prêt à sortir, ils ont revêtu leur tenue de soirée (poncho, bombe), on les imite et c’est parti !
Sur la grande place, c’est l’euphorie, concert de rumba, salsa, ça danse, ça rigole, et ça s’asperge.
Stand de la bière locale, la Poker :
La fête est partout dans la rue, et on en fait notre terrain de jeu. Bombage de policiers, les pauvres, pour une fois que c’est autorisé ! Ils en rigolent et participent eux-aussi à la fête. On dévalise le stock de boisson chaude au herbes (et à l’aguardiente), trop bon.
Le spot de la boisson aux herbes :
Devant la boite où on veut rentrer, c’est musique de rue, lambada au violon et au djumbé, suivi de tous les classiques du coin apparemment. On danse, on chante, je rencontre plein de gens qui m’invitent tous dans leur différente ville de Colombie. L’ambiance est à la fête partout.
Fermeture de la boite, on va se coucher tout blanc, alors que résonnent dans nos têtes les « Viva Pasto » du Carnaval.
Le lendemain, c’est le Carnaval du Cuy, festival gastronomique, j’y vais en me léchant les babines, mais en terme de gastronomie, il n’y a que des cuys, ces gros hamsters dont ils raffolent, qui rôtissent écartelés.
Rien ne me fait vraiment envie, la seule alternative étant les tripes. Assez d’expérience culinaire pour le moment, les patates et les fraises, ça me suffira pour aujourd’hui.
Les chars étant exposés dans les rues pendant 2 jours après le festival, nous partons (alors que je suis épuisée) faire des photos de nuit des chars. Ces œuvres d’art sont impressionnantes. Chacune différente, aux couleurs vives et aux personnages enchanteurs, chacun nous emmène dans son univers et nous resterions des heures à les photographier si la fatigue ne nous rattrapait pas.
Quelques images de Pasto, after-carnaval :
Merci à mes incroyables compagnons de carnaval qui ont rendu la fête si spéciale !