Cuba – Histoire et situation actuelle

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Plusieurs mois ont passé depuis que je suis partie de Cuba. J’y repense souvent, j’en parle oralement mais n’ai pu me décider jusqu’à présent à écrire sur Cuba. Aujourd’hui, je m’y attelle, et je sais d’ors et déjà que je vais oublier beaucoup de choses. Après 9 mois de voyage, Cuba reste la destination la plus intéressante et la plus complexe où je sois allée. J’ai détesté et j’ai aimé, j’ai pesté et j’ai ri.

Impossible de comprendre Cuba sans en connaitre son histoire. Revenons alors sur son passé tumultueux qui vit se succéder de grands hommes.

Tout commence en 1492 avec Christophe Colomb qui croit découvrir la Chine en arrivant à Cuba. Il rentre alors en Europe convaincu de son bien-fondé. Malgré tout, Juan de La Cosa n’est pas de cet avis et publie en 1493 son planisphère nautique en indiquant Cuba comme une ile. En 1510, l’Espagne s’élance à la conquête de l’Amérique, en commençant par Cuba, avec à sa tête Diego Velazquez. La 1ère ville est fondée (Baracoa), et les indiens sont systématiquement massacrés. Les 1ers esclaves noirs d’Afrique ne tardent pas à débarquer sur cette île qui devient rapidement la base de départ des conquistadors pour l’Amérique Centrale et du Sud. La ville de la Havane est fondée en 1519 et devient une plaque tournante indispensable entre l’Espagne et les nouveaux territoires conquis. Elle devient capitale en 1607, remplaçant Santiago. Toutes les richesses y transitent, attisant les convoitises des pirates et flibustiers qui la pillent à plusieurs reprises. Les anglais en prennent possession pendant un an en 1762, mais l’échange avec l’Espagne contre la Floride en 1763. Malgré l’abolition de la traite des noirs en 1817, l’esclavage se poursuit à Cuba, et il faudra attendre 1880 pour le voir aboli alors que les premières manifestations ont lieu pour se libérer de l’emprise espagnole. Entre temps, de nombreux français se sont installés, fuyant les révoltes de Haïti.

En ce temps, l’économie cubaine prospère, jusqu’à la chute du cours du sucre qui fit péricliter l’économie de l’île.

En 1868, Juan Manuel de Cespedes, grand propriétaire terrien, abolit ses esclaves et lance avec une poignée d’esclaves affranchis et de fugitifs la 1ère Guerre d’Indépendance, dite Guerre des Dix ans.

En 1892, José Marti, grand leader, écrivain et philosophe de la libération du joug espagnol, crée, depuis New York où il est en exil, le Parti Révolutionnaire Cubain. Il est la figure emblématique de Cuba, ses statues se comptent en centaines sur l’ile, et bien plus tard, Fidel Castro en fait son idole pour sa Révolution. Marti débarque en 1895 avec Antonio Maceo et Maximilio Gomez, deux autres grandes figures cubaines, pour ce qui sera la 2ème Guerre d’Indépendance. Mais les forces sont inégales et l’impulsion des rebelles s’essouffle. C’est alors que les américains décident d’intervenir, d’abord à coup de propagande antiespagnole. Puis en 1898, un évènement majeur changea le cours de l’histoire de l’ile. Le croiseur américain Le Maine explose mystérieusement dans la baie de La Havane, tuant 266 américains. C’est l’occasion rêvée pour les américains qui partent en guerre. La guerre contre l’Espagne se joue sur plusieurs fronts dans le monde entier, et se finit par la victoire américaine qui obtient la vente à leur profit des Philippines, de Guam et de Porto Rico. Le traité de Paris annonce l’Indépendance de Cuba en 1898, qui n’est que fictive. Après en avoir chassé les espagnols, les Etats Unis gardent la main-mise sur l’île. Du joug espagnol, Cuba tombe sous le joug américain. Ceux-ci s’octroient un droit d’intervention (amendement Platt). En 1902, l’Indépendance de l’île est reconnue.

L’économie de l’ile est basée sur le sucre, et à la chute du prix du sucre, c’est toute l’ile qui est ébranlée en profondeur. Grèves, chômage, violence, crise sociale et économique, rien ne va plus et le régime en place n’y survit pas. Les Etats Unis y mettent leur grain de sel puis se retirent avec la fin de l’Amendement Platt. Le Général Batista lance alors un coup d’Etat en 1933 et installe successivement plusieurs présidents à la tête du pays. En coulisse, il redresse le pays par la force et dans la violence. Batista devient finalement président en 1940, d’autres lui succèdent et il reprend le pouvoir par un nouveau coup d’état en 1952. Entre ces 2 dates, une politique économique et sociale fondée sur l’aide sociale se développe et l’économie cubaine est florissante. Le PIB/hab y est très élevé, mais les inégalités se creusent et la corruption s’aggrave. Après le coup d’état, l’opposition est interdite, la violence et la corruption dirigent le pays en s’appuyant sur la torture et le pillage. A la Havane, les casinos et les boites de nuit sont nombreuses et la prostitution y est telle qu’on l’appelle le « Bordel de l’Amérique ». La mafia s’y installe et dirige la ville. Dans les campagnes, au contraire, la pauvreté s’amplifie.

C’est dans ce contexte que nait la Révolution Cubaine.

Parlons un peu des hommes forts de la Révolution :
Fidel Castro.

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Il est né en 1926 d’une liaison illégitime d’un père de famille aisée avec la cuisinière. Il mène des études d’avocat et participe activement à la politique estudiantine. Il obtient son diplôme en 1950 alors qu’il renforce ses idées révolutionnaires. Il est candidat à la Chambre des Représentants lors de l’élection de 1952 annulée suite au coup d’Etat de Batista. Il engage alors et forme militairement quelques jeunes révolutionnaires. En 1953, il attaque la Caserne de Moncada à Santiago de Cuba. L’opération est un échec. Beaucoup de partisans sont tués, torturés ou emprisonnés. Fidel Castro assure sa défense seul, son discours marque les bases de la Révolution et dénonce les injustices et la misère. Il est condamné à 15 ans de prison, son demi-frère Raul et d’autres personnages important à 13 ans. Tous bénéficient d’une amnistie accordée par Batista en 1955. Fidel part alors en exil au Mexique d’où il continue sa lutte à distance.

Il rencontre Ernesto Guevara surnommé plus tard le « Ché » car il ponctue ses phrases de « ché » à la mode argentine.

Bien que n’étant pas cubain, Ché Guevara est une idole chez ce peuple. Il y est adulé et son effigie est représentée sur tous supports possibles.

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Ernesto Guevara est né en 1928 en Argentine.

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Il souffre d’un fort asthme dès l’age de 2 ans qui ne l’empêchera pourtant pas de faire du sport et de mener une guérilla. Bien qu’étant passionné de livres et de poésie, écrivain dès son adolescence, il se consacre à la médecine, avec beaucoup d’altruisme. A 23 ans, il part avec son ami Alberto Granado à la découverte de l’Amérique du Sud sur une vieille moto, La Vigoureuse, quasiment sans un sou en poche. Je vous recommande de voir le beau film qui raconte ce périple de 7 mois : Carnet de Voyage, de Walter Salles. Confronté à l’injustice, à l’inégalité et à la pauvreté dans les pays qu’il traverse, il affirme son esprit de révolte et de justice. Sa rencontre avec Fidel Castro à Mexico est déterminante, il trouve enfin une lutte dans laquelle s’engager, et il est alors recruté en tant que médecin.

En 1956, le bateau Granma débarque sur la coté Sud Est de l’île, avec à son bord 82 hommes menés par F. Castro. Une soixantaine d’hommes est rapidement tuée par l’armée de Batista, les autres se réfugient dans la Sierra Maestra. De là, ils mènent alors une guérilla contre le pouvoir, en s’appuyant sur les paysans opprimés. L’armée rebelle s’agrandit. Une fois la Sierra Maestra aquise et surveillée, ils partent à l’assaut du reste du territoire. Les rebelles prennent La Havane le 1er janvier 1959. Batista prend la fuite, F. Castro tire les ficelles mais ne prend pas la Présidence.

Peu de temps après la victoire, il se rend à Washington pour annoncer qu’il ne s’engage pas vers le Communisme, même s’il est contre le capitalisme, et qu’il souhaite garder des relations cordiales avec les Etats-Unis. Vœu pieu, en 1960, il nationalise de grandes entreprises américaines. Un cargo français explose alors dans le port de La Havane, faisant 60 morts, les cubains soupçonnent les Etats Unis d’être à l’origine de l’explosion. La tension s’accroit, les Etats Unis se préparent à une attaque et annoncent des sanctions économiques contre Cuba. L’URSS s’en mèle alors et le président Kroutchev annonce soutenir militairement Cuba en cas d’agression américaine. Les Etats-Unis ripostent avec un gel des relations diplomatiques qui aboutit à l’embargo contre Cuba en 1962 et en vigueur jusqu’en 2015 !

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La victoire n’est qu’une étape pour Castro, le but ultime étant le redressement du pays et la chasse aux inégalités. Plusieurs mesures voient le jour, en particulier la réforme agraire avec la redistribution des terres aux paysans d’une part et la Nationalisation d’autre part. Une loi anti-ségrégation raciale est votée. L’éducation (qui était déjà plutôt bonne) est au centre des priorités et l’école devient gratuite. De même la santé devient gratuite pour tous. Les médecins cubains sont compétents et réputés dans d’autres pays où ils partent souvent en mission.

Côté politique, les CDR (Comité de Défense de la Révolution) sont créés.

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Ils ont pour but de faire le lien entre la population et les institutions et de repérer les « contre-révolutionnaires ». Organes importants du Régime, ils favorisent la délation, sont les supports de la propagande et entretiennent le climat de peur qui s’installera par la suite.

Ché Guevara est nommé « Commandanté », surnom qui lui restera. Les opposants au régime sont sévèrement réprimés. Mais les avis divergent sur les traitements (torture, massacre) qui leur ont été infligés.

En 1961, des dissidents cubains, armés par la CIA bombardent les bases aériennes puis débarquent dans le Sud de l’Ile dans ce qu’on appelle le Débarquement de la Baie des Cochons. Le soulèvement anticastriste espéré n’a pas lieu et l’attaque est un échec. Kennedy rend alors illégal toute transaction commerciale et financière avec Cuba ainsi que le déplacement de personnes sur l’ile.

L’Eglise ayant été soupçonnée d’avoir soutenu le débarquement de la baie des cochons, les ecclésiastiques sont arrêtés ou expulsés en nombre, la pratique religieuse est limitée et l’Etat Cubain est décrété laïque.

Alors en pleine guerre froide, Cuba accepte l’installation de rampes de missiles nucléaires soviétiques sur son sol. Lorsque les américains le découvrent, ils encerclent Cuba, bloquant l’arrivée des navires soviétiques. Une guerre nucléaire est imminente, et les accords prennent plusieurs jours à être signés. (Il ne faut pas non plus oublier que malgré tout, les Etats Unis ont toujours une base militaire (encore actuellement) sur le territoire cubain : la tristement célèbre Guantanamo)

Dans les années qui suivent, les Etats Unis sont responsables de bons nombres d’action contre F. Castro et contre les cubains (attentats, tentative d’assassinats, introduction de maladie….). Seul le Président Jimmy Carter tente un rapprochement, interrompu par Ronald Reagan qui fait de la lutte contre le communisme un cheval de bataille de son mandat.

Dans un tel climat, des centaines de milliers de personnes fuient l’ile, certains pourtant partisans de la Révolution.

La Constitution cubaine est rédigée en 1976 et Fidel Castro est élu Président de la République au suffrage universel.

A la fin des années 80, l’ile est entièrement dépendante de l’URSS avec laquelle elle réalise 80% de ses transactions économiques extérieures. L’URSS entraine Cuba dans sa chute. Le PIB diminue de 35%, l’approvisionnement électrique vient à manquer. Dans la première moitié des années 1990, la production industrielle décline de 4/5 et le commerce extérieur de 75 %. C’est le début de la Période Spéciale à Cuba.

De nombreuses réformes sont mises en place, et en particuliers le développement du tourisme, qui doit alors permettre le redressement économique du pays et l’apport de devises étrangères.

Le pays trouve de nouveaux alliés en Amérique du Sud, en particulier avec le Vénézuela d’Hugo Chavez.

En 2006, Fidel laisse le pouvoir à Raul, qui entreprend une série de mesures.

Avec ses faits historiques, on comprend mieux l’état actuel de Cuba.

Salaires
Commençons par là, base de toute l’économie d’un pays.
Le salaire moyen cubain tourne autour de 20 dollars. Un professeur d’université en fin de carrière gagne dans les 60 dollars, tout comme un médecin en début de carrière.
Les biens de consommation de base, hors nourriture, sont à des prix occidentaux, voir plus élevés. Ainsi, une paire de chaussure coute 40 dollars, un set de 4 fourchettes dans les 10 dollars.

Et nous, touristes, nous arrivons, avec des dollars plein les poches (ou pas), et nous payons une chambre chez l’habitant en moyenne 20 dollars pour une nuit, c’est-à-dire l’équivalent de leur salaire mensuel ! Un repas, 10 dollars !
Il en résulte que dans les yeux de la plupart des cubains, nous ne sommes qu’un paquet de dollars ambulants et chacun essaie d’en récupérer une part à sa manière.

Monnaie
Pendant longtemps, deux monnaies circulaient dans le pays, les dollars américains, réservés aux touristes, et les pesos cubanos, réservés aux cubains. Ceux-ci n’avaient pas accès aux dollars à moins de travailler dans le tourisme. Une inégalité forte se développait alors entre les acteurs du tourisme et le reste de la population. Pour limiter ces inégalités, une loi est votée qui remplace les dollars américains par les pesos convertibles, utilisés pour le tourisme et tous les produit autre que les produits de base. Le peso cubano reste 24 fois inférieur au peso convertible. Les 2 monnaies sont toujours en vigueur sur l’ile. Malgré tout ce que j’ai pu lire, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de cette double monnaie, dont une est indexée sur le dollar malgré l’embargo (ou grâce à l’embargo ?!)

Tourisme
Dès le début de la politique d’ouverture au tourisme, celui-ci est fortement contrôlé. Cubains et touristes ne peuvent pas se mélanger, et le tourisme y est cher. Les hôtels et bus pour touristes sont à la base interdits aux cubains (maintenant autorisés), alors que les bus longue-distante pour cubains sont toujours interdits aux touristes. Depuis peu, les habitants ont le droit d’accueillir les étrangers s’ils déclarent la chambre qu’ils louent (pas plus de 2 chambres autorisées par maison).

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Ils doivent alors verser une sorte d’impôt sur la chambre (dépendant du lieu et de la taille), et un pourcentage des sommes reçues. S’en suit alors une fervente lutte pour proposer sa maison à l’arrivée des bus touristiques, et pour nous touristes, un éprouvant harcèlement. Chaque hôte doit enregistrer les numéros de passeport, et transmettre chaque matin les touristes accueillis. Nous sommes ainsi pistés chaque nuit. De là à savoir si c’est vérifié…

Il est formellement interdit pour les cubains d’héberger les étrangers, tout comme les prendre en stop. Il faut alors faire attention à notre comportement, car certains habitants le feraient volontiers sur notre demande, mais nous ne saurons alors jamais si sanction il y a. Et ils peuvent aller jusqu’à perdre leur maison d’après ce qu’on m’a dit… Peurs insensées ou réalité ? Certains ont toujours peur du contrôle du gouvernement et de la délation qui existe au sein de chaque quartier avec les CDR.

Il est interdit de camper sur cette belle ile, même si certains s’en octroient le droit et ils ont bien raison. Pour ma part, je n’ai pas osé, non par peur des autorités mais plutôt par manque de lieux isolés et peur de mauvaise rencontre.

Jineteros et prostitution
La prostitution est très développée et on la retrouve partout, sous diverses formes. Ainsi, en tant que femme, seule, on se fait sans cesse aborder par des jineteros, souvent très beau gosses et très sympas. C’est rarement pour nos beaux yeux qu’ils en ont, mais plutôt pour le contenu de notre portefeuille. Les propositions ne sont jamais énoncées clairement, mais ils sont souvent là comme « homme de compagnie » pendant la durée des vacances, en espérant le « grand amour » qui les fasse sortir de l’île.
Aucun rapport n’est alors naturel et sain.

Maisons
En tant que bon pays communiste (pardon, socialiste), chacun a le droit à une maison. Au moins, ça résout le problème des sans-abris. Jusqu’à récemment, il était interdit de vendre « sa » maison, la seule façon de déménager étant de l’échanger avec quelqu’un. On commence tout juste à voir quelques panneaux « à vendre ».

Voitures

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Pour les voitures, c’est pareil. Le parc automobile appartient à l’Etat, et pendant des années, une voiture était une récompense accordée par l’Etat pour certaines catégories socio-professionnelles telles que médecins, sportifs de haut niveau, artistes… et politiques bien sûr. Au début, ceux-ci revendaient leur voiture à des prix exorbitants, puis la vente à particuliers fut interdite dans les années 60. Depuis 93, le seul moyen de se procurer alors une voiture, était d’obtenir une « carte » officielle du Gouvernement, dont l’obtention prenait parfois des années. Carte en main, et avec beaucoup beaucoup d’argent, il était alors possible d’acheter une voiture.

Depuis le 1er janvier 2014, une réforme rend possible la vente libre de voiture neuve, avec une taxe irréelle de 100%. Ainsi, une voiture neuve Peugeot 2008 affiche un prix de vente de 239 500 dollars alors qu’elle se vend en France à 46 000 dollars. Une hérésie pour un peuple dont le salaire moyen ne permet pas de gagner une telle somme en plusieurs générations. Les voitures d’occasion du parc de l’Etat se vende tout aussi chères, au prix neuf pour une voiture d’occasion. Seules les familles ayant des membres travaillant à l’étranger qui leur envoient de l’argent peuvent alors s’offrir ce luxe.

Il reste qu’après des années de marché fermé, les marques automobiles s’implantent lentement, et les chinois sont les 1ers à rafler le marché.

Aujourd’hui, il y a très peu de voitures sur l’île, et le parc automobile se compose essentiellement de vieilles américaines, véritables voitures de collection, et de Lada fournies par l’URSS dans les années 60-90. Les nouvelles marques étant réservées à la location pour touristes.

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Suite à l’interdiction de vente des Américaines, celles-ci sont utilisées comme taxi (souvent collectif), et les propriétaires, qui se les transmettent de génération en génération les louent souvent aux chauffeurs. Chacun y trouve ainsi son compte.

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La vente des vieilles Américaines à l’étranger est interdite, proclamé Trésor d’Etat par Fidel.

Matériel informatique
Pendant longtemps, le matériel informatique est interdit à la vente aussi. La raison, au moment de la crise de l’électricité, tous les appareils à forte consommation électrique, tels qu’ordinateurs, furent interdits à la vente pour garder l’électricité aux besoins de base.

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Une réforme autorise enfin l’accès à ce matériel aux particuliers, encore une fois à des tarifs prohibitifs, avec l’impossibilité d’acheter du matériel dernier cri. Mon ordinateur, et encore plus mon disque dur de 2 téras ont souvent allumé des regards d’envie, avec proposition de rachat. Ceux qui possèdent des ordinateurs les ont souvent obtenus par des étrangers ou de la famille à l’étranger.

Internet
Internet est de même interdit à l’usage particulier, à part comme récompense (comme les voitures), ainsi un médecin parti à l’étranger se verra attribuer une ou 2 lignes internet à son retour.
Mais depuis 2015, l’Etat a mis l’accent sur l’ouverture d’internet à la population par la mise en place de points Wifi dans les parcs des principales villes. C’est une révolution pour nombres de cubains, qui se massent alors sur les places, téléphone en main pour « skyper » (enfin Skype est interdit, c’est donc une autre application) avec la famille vivant à l’étranger.

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Pour les cubains, cette offre est hors de prix, 1h de wifi valant 2 dollars. Mais c’est une réelle ouverture sur l’extérieur. Il en résulte des heures de queue pour s’attribuer ces cartes wifi, lorsque celles-ci ne sont pas en pénurie.

Contrôle de l’information et propagande
Malgré l’ouverture de ces points wifi, l’accès à internet est fortement contrôlé, et nombre de sites sont inaccessibles. Il existe un réseau interne cubain, plus accessible, en particuliers dans les universités. L’information disponible sur ce réseau interne est alors entièrement contrôlée par l’Etat.
La propagande anti-capitalisme et pro-castrisme est partout, dans tous les moyens d’information. De même une forte censure s’applique au journalisme et à toutes les personnes « célèbres » qui sont la plupart du temps en exil à l’étranger.

Santé
La santé est gratuite pour tous et de bonne qualité. Les médecins, employés par l’Etat (forcément) ont une obligation de séjour dans un pays étranger. C’est ainsi une monnaie d’échange, par exemple avec le Vénézuela contre l’électricité fournie.

Ticket de rationnement
Il existe toujours un système de ticket de rationnement. Ceux-ci permettent aux cubains de recevoir gratuitement des produits de base riz, sucre, poulet… Les tickets ne suffisent pas à manger correctement, mais aide fortement. Depuis l’ouverture à l’auto-entreprenariat, certains produits ont été retirés des tickets de rationnement tels que le savon par exemple. Dans la rue, certains cubains mendient alors auprès des touristes ces produits auxquels ils n’ont plus accès gratuitement.

Ouverture au capitalisme
Il est maintenant autorisé de travailler à son compte, et certaines professions ont été libéralisées, avec de fortes taxes.

 

De longues discussions très intéressantes m’ont permis sur la fin de comprendre de mieux en mieux ce pays. Ce qui ressort des discussions que j’ai pu avoir, c’est que les cubains rêvent de changement et d’ouverture de l’île, ainsi que plus de libertés, mais ils ne sont pas prêts à perdre ce qui leur revient de droit aujourd’hui : ticket de rationnement, maisons, santé et éducation gratuite. La plupart sont assez optimistes quant au déblocage de l’embargo avec les Etats Unis, mais attendent de voir avec un peu d’anxiété ce qu’il va en advenir, avec une certaine peur d’arrivée massive d’entreprises américaines qui s’implantent sur le territoire. Ils sont en tout cas intéressés et curieux de ce qui se passent dans le reste du monde.

Un vendeur de glace avec qui j’ai bien discuté religion à l’occasion de la venue du papa et avenir de l’île a conclu l’échange par ses mots :
« Je n’ai qu’une religion et elle s’appelle Fidel Castro ! »

3 réflexions sur “Cuba – Histoire et situation actuelle

  1. Merci pour ce résumé historique!
    On en connait tous un petit morceau situé vers les années 60
    C’est un climat très particulier, je pense que la privation de libertés que tu sois local ou touriste m’étoufferait un peu.

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  2. Eh ben tu m’en bouches un coin… Moi qui pensais que tu n’avais aucun sens politique, je vois que la politique cubaine t’a passionnée. Tu pourrais entrer en politique à ton retour en calédo! Bises

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  3. Bon résumé de la situation, toujours vraie en 2017 à Cuba. Juste une petite erreur : les produits de la « libreta » ne sont pas gratuits, mais très peu chers et se paient en Pesos cubains (moneda national).

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